Les Maisons
Des experts craignent une flambée de l'immobilier en raison du taux directeur stable
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Des experts craignent une flambée de l'immobilier en raison du taux directeur stable

Les experts s'attendent déjà à voir les prix rebondir.

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Alors que la Banque du Canada a annoncé cette semaine qu'elle maintient son taux directeur à 5 % pour une cinquième fois d'affilée, le gouverneur Tiff Macklem s'est dit préoccupé par la hausse du coût du logement.

C'est mercredi lors d'un point de presse à Ottawa que Tiff Macklem a fait part de ses préoccupations en déclarant: «Nous ne voulons pas maintenir une politique monétaire aussi restrictive plus longtemps qu’il le faut. Mais nous ne voulons pas non plus compromettre les progrès que nous avons réalisés pour réduire l'inflation.»

La stratégie de resserrement monétaire qui a été adoptée par la Banque du Canada a toutefois de lourdes conséquences sur les propriétaires qui détiennent un prêt hypothécaire en raison des taux d'intérêt élevés.

En janvier dernier, le coût de l’intérêt hypothécaire a bondi de 27,8 % en un an, tandis que les loyers ont augmenté de près de 8 % au cours de la même période.

Ces taux d'intérêt élevés ont aussi fait en sorte qu'une baisse historique des mises en chantier a été enregistrée, particulièrement au Québec.

Selon Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Banque Nationale, cette situation pourrait perdurer encore un moment: «Plus on garde les taux élevés longtemps, moins on aura d'offre de logements dans un contexte de croissance démographique sans précédent au Canada.»

Philippe Simard, directeur hypothécaire chez Ratehub.ca, dit croire que la Banque du Canada a maintenu son taux directeur afin d'éviter une surchauffe du marché immobilier: «C'est un peu un couteau à double tranchant. Le jour où elle baissera son taux directeur, ça facilitera l'accès à la propriété et, plus il y a de gens qui veulent acheter, ça va venir pousser à la hausse le prix des propriétés.»

Comme l'a fait remarquer M. Simard, le Québec fait face à un problème de taille quant à l'offre de logements: «On a encore un problème d'inventaire dans le marché de l'immobilier.»

Malgré chute de 19% du prix moyen des propriétés au Canada depuis le sommet de février 2022, les experts s'attendent déjà à voir les prix rebondir.

Shaun Cathcart, économiste principal de l’Association canadienne de l’immobilier, a déclaré: «Les ventes sont en hausse, les conditions du marché se sont assez tendues et il existe des preuves anecdotiques laissant croire que la concurrence est redevenue féroce entre les acheteurs.»

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, n'a pas nié la possibilité d'un rebond: «Ce rebond pourrait-il être plus fort que prévu? Oui, c'est possible. »

L'économiste Stefane Marion a souligné que la banque centrale souhaite aussi aligner le tir en fonction de la fin de la saison des budgets: «Sachant qu’en Colombie-Britannique, c'est un budget expansionniste, se pourrait-il que le Québec et l'Ontario optent pour la même stratégie? Avec le fédéral aussi? [...] Malgré le printemps plus chaud que d'habitude, la Banque du Canada y va avec la stratégie : avant avril, ne te découvre pas d'un fil.»

C'est mardi prochain que le gouvernement du Québec présentera son budget, tandis qu'en Ontario, la présentation aura lieu le 26 mars.

En ce qui concerne le budget fédéral, celui-ci sera déposé 16 avril.

M. Marion a expliqué: «Dans ce contexte-là, c'est pour ça que la banque centrale doit attendre le mois d'avril pour avoir vu ces budgets-là avant de totalement se prononcer sur le type de politique, la structure de taux d'intérêt qui est nécessaire.»

Enfin, selon l'économiste, les plus récentes données sur l’inflation, la croissance économique, le marché de l’emploi et les ventes immobilières indiquent les signes d’un ralentissement économique: «Ce qu'on constate, c'est qu'il y a une croissance des profits des entreprises qui est beaucoup plus faible et des faillites qui sont en hausse, ce qui est annonciateur d'un marché de l'emploi moins vigoureux. [...] Mais si on attend de constater une inflation à 2 % avant de baisser les taux, l'économie sera déjà dans un marasme important.»

Source: Radio-Canada