Un logement « abordable » à louer pour 2000 $ par mois

Dans sa chronique publiée cette semaine au Droit, Patrick Duquette rapporte que des logements « abordables » financés par le gouvernement fédéral à Gatineau sont loués à des sommes variant entre 1 500 $ et 1 900 $ par mois. 

« Cherchez l'erreur , écrit-il. Plusieurs organismes communautaires de la région ont d'ailleurs du mal à comprendre la méthode de calcul du gouvernement qui permet de déterminer que ces prix sont encore « abordable ». 

Il cite en exemple l'annonce faite en juin dernier par le ministre libéral Ahmed Hussen au sujet d'un prêt à taux préférentiel de 24,6 millions visant la création de logements « sûrs et abordables » au Carré British, dans le Vieux-Aylmer. Il a ensuite annoncé un deuxième prêt de 60 M$ de la SCHL en vue de bâtir des logements « abordables » du projet Zibi. 

La Ville de Gatineau a également donné des dérogations à l'entrepreneur du Carré British et le projet a même été approuvé par de nombreux citoyens, qui croyaient alors que les logements permettraient de résorber la crise dans un quartier « défavorisé socialement »

« C’est 1500 $ par mois pour un logement d’une chambre à coucher! Ce n’est clairement pas abordable! » s'est insurgé Alain Tanguay, directeur général de Logements Outaouais, en entrevue au Droit, au sujet des logements du Carré British. 

« Il nous reste encore des 4 et demi à partir de 1922 $ par mois », a ensuite répondu un agent de location à M. Duquette, qui a appelé pour vérifier les prix. 

Afin d'avoir un prêt, les entreprises doivent réserver une partie de leurs appartements qui seront loués à un prix moins cher que 30 % du revenu médian des familles de la région. 

Ainsi, dans le Carré British, on base ce revenu sur la région d'Ottawa-Gatineau située au Québec, qui est de 93 810 $. Mais dans le Vieux-Aylmer, le revenu médian était plutôt de 46 931 $ en 2015, d'après le Portrait des communautés de l’Outaouais.

« Ce qui cloche, c’est la formule utilisée par le gouvernement fédéral pour subventionner des entreprises privées. Le calcul du loyer abordable n’a aucun sens. On prend des secteurs de recensement et on fait un calcul mathématique simpliste au lieu de se fier aux besoins réels des gens », ajoute Alain Tanguay de Logements Outaouais.