La mise en vente soulève de nombreuses inquiétudes
Julie Snyder, animatrice et productrice bien connue au Québec, a récemment décidé de se départir d’un lieu symbolique : le phare du Cap-Alright, situé sur l’île du Havre aux Maisons, dans l’archipel des Îles-de-la-Madeleine.
Acquis en 2012, le phare et son vaste terrain bordé par la mer sont maintenant sur le marché pour 595 000 $, une annonce qui a provoqué une onde de choc dans la communauté madelinienne.
Ce phare, érigé en 1928 et reconnu comme monument patrimonial par le gouvernement fédéral, fait partie intégrante du paysage et de la mémoire collective des Îles. Il avait même été mis à l’honneur par Postes Canada en 2005, qui en avait fait l’objet d’un timbre commémoratif.
Comme le rapporte le Journal de Québec, la mise en vente soulève de nombreuses inquiétudes quant à son avenir, plusieurs citoyens craignant de le voir tomber entre les mains de propriétaires privés et de perdre son accès public.
Le conteur Cédric Landry a été parmi les premiers à réagir publiquement, appelant à une mobilisation pour que le phare reste un bien collectif. Selon lui, il serait inconcevable que le site soit transformé en résidence privée avec garage, alors qu’il incarne un pan entier du patrimoine maritime des Îles.
''Je viens d'apprendre que le phare du Cap-Alright est à vendre! Un monument de l'histoire des îles qui devrait appartenir aux Iles! C'est notre occasion de se réapproprier notre territoire et ce beau monument patrimonial.
Il faut éviter que ce soit un particulier qui l'achète et construise une grosse maison d'été avec un garage car il paraît que c'est permis! Ce lieu devrait toujours appartenir aux citoyens des îles et tous devrait y avoir accès.'' - Cédric Landry
Même le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, s’est dit préoccupé. Il a directement contacté Julie Snyder pour lui demander de suspendre temporairement le processus de vente, afin de permettre une réflexion commune sur un projet durable qui respecterait la valeur patrimoniale du lieu.
Pour lui, c’est un moment charnière qui pourrait rassembler les Madelinots autour d’un objectif commun : protéger un symbole fort de leur identité.
''J’ai écrit aujourd’hui à Julie Snyder. Pas seulement à titre de député, mais comme Madelinot, profondément attaché à notre territoire, à notre histoire, à notre identité insulaire.
Comme plusieurs d’entre vous, j’ai été bouleversé hier d’apprendre que le phare du Cap Alright était mis en vente, inscrit au répertoire d’un courtier immobilier comme un immeuble quelconque, une bâtisse et un terrain parmi tant d’autres. Ce phare est un repère, un témoin de notre histoire, un symbole fort de notre patrimoine maritime. Il raconte quelque chose d’essentiel sur ce que nous sommes et sur les liens que nous entretenons au présent avec notre territoire, la mer et notre histoire. On ne peut pas rester indifférents devant la possibilité qu’il nous échappe et soit vendu au plus offrant.
Il faut se donner la capacité de prendre un pas de recul, de dégager un espace de réflexion et de dialogue pour élaborer et proposer une solution alternative.
Le plan d’acquisition du phare à été proposé et retenu en 2015 dans un esprit de sauvegarde, de mise en valeur, d’accès pérenne à la population et d’engagement envers la collectivité. Aujourd’hui, nous nous devons revenir à ces principes et engagements afin de favoriser la reprise de possession, la réappropriation collective de ce joyau patrimonial et du site qui l’accueille depuis bientôt un siècle.
Je demande donc à Julie Snyder de suspendre temporairement le processus de vente, afin que l’on puisse dégager le temps nécessaire pour se concerter, mobiliser les forces vives du milieu, réfléchir et élaborer avec les acteurs un projet qui permette de protéger ce phare à long terme, en cohérence avec sa valeur patrimoniale et symbolique.
C’est une occasion importante pour les Madelinots de se rassembler autour d’un projet commun qui dépasse les intérêts individuels. Un moment pour réaffirmer que notre patrimoine n’est pas une marchandise, qu’il fait partie intégrante de notre histoire, de notre identité et de notre paysage, et qu’on a collectivement les moyens et la volonté d’en prendre soin.''
La décision de Julie Snyder survient après qu’elle ait également mis en vente, il y a moins d’un an, l’Hôtel de la Grave, une autre de ses propriétés sur l’archipel. Bien qu’elle affirme ne pas poser ces gestes à la légère, plusieurs se rappellent qu’elle avait déjà exprimé son attachement au phare, soulignant en 2015 son désir de le préserver avec l’aide de collaborateurs engagés.
Aujourd’hui, cette mise en vente fait naître un débat plus large sur la protection du patrimoine et l’accès collectif à des lieux chargés d’histoire.
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