Les Maisons
Des proprios profitent de la crise du logement pour ne pas rénover leurs appartements insalubres
Adobe Stock 

Des proprios profitent de la crise du logement pour ne pas rénover leurs appartements insalubres

Un phénomène de plus en plus grandissant.

Les Maisons

Les Maisons

Alors que la crise du logement continue de sévir au Québec, plusieurs propriétaires profitent de la demande élevée pour éviter de rénover des appartements considérés comme insalubres, rapporte Radio-Canada. 

D'ailleurs, de nombreuses familles à faible revenu sont touchées, et les recours sont très compliqués. 

C'est le cas de Marie (prénom fictif), qui a déménagé à Longueuil il y a quelques semaines. La dame qui travaille en restauration a quitté un logement qu'elle occupait depuis octobre parce qu'il y avait une infestation de souris. 

Mais son nouvel appartement a rapidement montré ses vraies couleurs. Le système électrique était déficient, un disjoncteur a fait des siennes au moment de faire une brassée de lavage. Et elle n'a pas non plus d'eau chaude.

Pour couronner le tout, l'appartement est infesté de coquerelles. 

« Je regarde les draps, les matelas, les planchers. On devient malade, obsessif. Je ne mange plus dans l'appartement. Si on se fait à manger, il y en a huit ou neuf qui sortent au-dessus du frigo. J'en vois le jour comme le soir », explique-t-elle à Radio-Canada. 

Sa fille de 15 ans a depuis des problèmes d'insomnie. « Quand je les ai vues sortir de mon sac, j'étais en panique », se souvient l'adolescente, qui en a vu entrer dans son sac de vêtements.

« Je fais un repas, il y a une coquerelle qui descend devant ma face. Je me brosse les dents, il y a une coquerelle qui descend devant mon visage », ajoute-t-elle. 

« Les propriétaires savent qu'une extermination coûte extrêmement cher. Ils veulent essayer des trucs alternatifs. Souvent, ça ne fonctionne pas. Les gens se tannent, partent. Finalement, ce qui était dans un seul logement, ça devient dans un immeuble au complet », explique Caroline Vohl, organisatrice communautaire du Comité logement Rive-Sud à Radio-Canada. 

De son côté, Marie dit que le propriétaire refuse de requérir aux services d'un exterminateur et de payer les frais de décontamination. Il propose plutôt une résiliation de bail. 

Selon Mme Vohl, plusieurs propriétaires relouent rapidement un logement sans faire de travaux. « Il y a d'excellents propriétaires, mais il y en a d'autres qui sont capables de relouer plus cher des logements insalubres parce qu'ils savent que les gens n'ont nulle part où aller », dit-elle. 

« C'est permis par la loi d'abandonner un logement insalubre, mais il faut être très prudent, parce que ça peut se retourner contre les locataires », prévient-elle d'ailleurs. Si un accord n'est pas signé avec le propriétaire, ce dernier peut accuser son locataire d'avoir quitté les lieux sans payer.

Marie a déjà vécu cette situation il y a quelques années, quand son logement était pris par l'humidité. 

« Les gens me disent : ''Tu as toujours des problèmes.'' Mais non : on cherche à ne plus vivre ces problèmes », se défend-elle. 

« J'aurais le goût de foutre le camp », ajoute-t-elle émotive, confiant qu'il est très difficile de trouver un logement à la fois abordable et décent. 

Source: Radio-Canada