Deux propriétaires de Montréal qui faisaient des rénovictions condamnés à cause d'Instagram

Alors que les « rénovictions » continuent d'être un fléau à Montréal, un couple d'investisseurs immobiliers a été condamné à verser 14 500 $ à une locataire qui avait dû quitter son logement, rapporte le Journal de Montréal. L'éviction « de mauvaise foi » a été mise en lumière grâce à des publications du couple sur son compte Instagram. 

Thierry Mailly-Dominique et Justine Audet sont âgés dans la vingtaine, et déjà, ils possèdent une petite fortune en immobilier. Le couple a créé une page sur Instagram, Nos projets rénos, où ils documentent leurs achats et les rénovations qu'ils effectuent dans leurs logements. 

En juin 2020, les deux ont acheté un triplex sur le Plateau-Mont-Royal. C'est à ce moment qu'ils ont décidé de trouver une façon d'évincer leur nouvelle locataire. 

Alexie André-Bélisle a donc reçu un avis en décembre 2020 alléguant qu'elle devra quitter son logement, où elle vit depuis sept ans. 

Justine Audet affirme alors que la reprise du logement est faite dans le but d'y loger son père, une démarche qui est conforme à la loi. Ainsi, la locataire accepter de déménager en février 2021 en échange d'un montant d'argent remis par les copropriétaires. 

Mais sept mois plus tard, Mme André-Bélisle découvre que le père de la copropriétaire n'a pas emménagé dans son ancien appartement et que l'éviction a été faite sous un faux prétexte. Son ancien voisin l'informe alors comme quoi l'immeuble est de nouveau à vendre. 

La locataire décide donc de poursuivre ses anciens propriétaires pour reprise de logement de mauvaise fois. 

Et ce mois-ci, le Tribunal administratif du logement (TAL), lui a donné raison. 

« Le Tribunal accorde peu de crédibilité aux témoignages des locateurs. Leur version des faits apparaît cousue de fil blanc et est en contradiction avec les propos qu’ils tiennent sur leur compte Instagram », écrit la juge Karine Morin dans son jugement consulté par le Journal de Montréal. 

C'est à cause d'une publication sur Instagram faite le 8 mars 2021 que le couple s'est mis dans le pétrin. Ils ont ainsi affirmé que le logement occupé par leur ancienne locataire « n’avait jamais été rénové, il était en fin de vie. Il était donc primordial pour nous de le transformer, d’optimiser les loyers et d’augmenter la valeur de leur bloc ».

Mais le couple s'était également confié au Journal Métro en novembre 2021, dans un article intitulé Comment acheter un triplex à Montréal à 25 ans. Ils y expliquent comment augmenter la valeur de leur bien pour le revendre. 

« Un mois après avoir acheté le triplex, on a eu une infiltration d’eau par le drain de la toiture. Notre but, dès le départ, était de rénover les deux unités à l’étage, mais on ne pensait pas se lancer dans les travaux aussi vite », a expliqué le couple dans l'article.

La juge a condamné le couple le 17 mars dernier à verser 14 500 $ à son ancienne locataire. 

« Nous avons toujours agi avec bienveillance, respect et bonne foi avec nos locataires depuis le début de notre parcours. Nous avons pris connaissance de la décision du tribunal et allons respecter la décision de la juge. Nous sommes désolés de la tournure que les événements ont prise et allons apprendre de cette expérience et améliorer notre façon de faire », ont affirmé par courriel les deux propriétaires contactés par le Journal de Montréal.