Les Maisons
Le REM détruit des carrières et sépare des familles
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Le REM détruit des carrières et sépare des familles

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Radio-Canada a raconté les histoires de plusieurs familles dont les vies sont chamboulées par le REM. Le tunnel sous le mont-Royal qui offre un accès direct au centre-ville sera fermé dès le 6 janvier 2020. Ce sont 15 000 usagers du train Deux-Montagnes-Montréal qui ont l'impression d'être des citoyens de seconde classe. 

Karolyne Viau, fait le trajet Deux-Montagnes - centre-ville de Montréal tous les jours. Son trajet lui prend actuellement 2 heures par jour, tout au plus. À partir du 6 janvier 2020, cela lui prendra 4 heures par jour au minimum. Mère de famille avec la garde de sa fille une semaine sur deux, devra sacrifier du temps avec ses enfants à la maison. Sa fille pourrait aussi devoir renoncer à ses cours de théâtre car ils commencent trop tôt, à 18 heures. La mère souffre d'anxiété et de douleurs aux bras et au dos. Elle pourrait vendre, mais elle sait que la valeur de sa maison va grimper en flèche après les travaux, alors pourquoi vendre maintenant? Karolyne fait partie d'un comité d'usagers et reçoit plusieurs témoignages inquiétants de gens qui parlent de dépression et même de suicide. 

Iyad Khoury fait quant à lui le traget de Sainte-Dorothée à la gare Centrale de Montréal chaque jour. Son trajet lui prend actuellement 1 h 30 au maximum. Après le 6 janvier, cela lui prendra 3 heures par jour, l'été. L'hiver, ce sera beaucoup plus. Sa femme a le cancer et est épuisée par ses traitements de chimiothérapie. C'est lui qui s'occupe seul de leur fille de 11 ans matin et soir. La famille avait acheté un condo à Laval pour se rapprocher du train, sans savoir que les travaux du REM allaient impacter leur vie. Il a donc rapidement mis son condo en vente, mais il n'arrive pas à le vendre. Il n'a même pas de visite. Iyad a donc proposé le télétravail à son employeur, mais il devra s'acheter un nouvel ordinateur et cela ne se fera pas sans embûches car il occupe un post syndiqué. En attendant, il se rend au travail en voiture et reçoit un traitement pour détresse psychologique.

Sylvie Papineau travaillait pour Hydro-Québec et faisait le trajet Deux-Montagnes - gare Centrale quotidienne. Un trajet de 2 h 40 par jour qui allait se transformer en plus de 4 heures par jour. Elle a donc décidé de sacrifier ses revenus : elle a accepté un nouveau poste toujours chez Hydro-Québec, mais avec une perte de salaire de 12 000 $ annuellement et plusieurs avantages. Elle utilise sa voiture chaque jour, mais elle devra bientôt être remplacée. Tous ces changements ne se sont pas fait sans stress et sans larmes. 

« On a sacrifié des humains au prix d’un projet politique, on se sent abandonnés, délaissés. Tout cela aura des conséquences pour la famille des usagers et pour leurs collègues », a-t-elle déclaré à Radio-Canada. 

Ilian Kirimidtchiev fait le trajet Roxboro-Pierrefonds - gare Centrale tous les jours. Son trajet d'une heure par jour sera maintenant de 2 h 30 quotidienne, « en étant très optimiste ». D'une part, il va perdre son vieux complice Antoine Gemayel qui a décidé de prendre sa retraite de façon précipitée à cause du REM. Le bureau d'architecture où ils travaillent se voit donc fragilisé. Mais il y a aussi la famille d'Ilian. Ses fils étudient au collège Dawson et à l'université Concordia. Ils sont trois usagers avec des horaires différents. 

« Je ne peux pas acheter trois voitures. On n’a pas de solution, on ne sait ce qu’on va faire en janvier », a-t-il déploré.

Francis Millaire pensait être épargné car son employeur se trouvait à Saint-Laurent, mais les bureaux vont déménager au centre-ville. Son temps de transport va passer de 2 h 30 par jour à plus de 4 heures chaque jour. Le temps de transport de sa fille, qui étudie au collège Vanier, va double. mais c'est son fils Marc-Antoine, étudiant à McGille, qui sera le plus impacté. Il devra aller vivre chez sa grand-mère dans un petit quatre et demi à Montréal pour ne pas faire plus de 20 heures de transport chaque semaine. 

« Mon engagement envers mes enfants, c’était qu’ils puissent continuer à vivre à la maison pendant leurs études universitaires. On me vole 4, 5 ans de vie avec mes enfants », a confié Francis, à Radio-Canada.

Sylvie Germain, qui souffre de fibromyalgie, fait le trajet de l'île Bigras à la gare Centrale. Son temps de transport sera doublé, au minimum, mais les symptômes de sa maladie s'amplifient lorsqu'elle reste debout longtemps. La marche entre les transferts et sans place assise dans les transports, elle anticipe avec beaucoup de stress les changements à venir. Elle a pensé déménager, mais son fils atteint de déficience intellectuelle a besoin de stabilité et son mari a aussi une maladie chronique. Un déménagement précipité dans ses conditions n'était pas une bonne idée, elle qui habite depuis 55 ans au même endroit.  

Source: Radio-Canada