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Malgré la COVID-19, les assureurs ne renoncent pas  à augmenter leurs primes
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Malgré la COVID-19, les assureurs ne renoncent pas à augmenter leurs primes

Ce que dénonce un courtier d'expérience.

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Même si des centaines de milliers de personnes font face actuellement à une baisse importante de revenus en cette période de pandémie, les compagnies d’assurance de dommages persistent à augmenter les primes d’assurance auto et habitation de 10 à 15% cette année.

Devant cette situation, Louis-Thomas Labbé, un courtier d’expérience dénonce l’insensibilité des assureurs et les prie de  geler leurs primes cette année, par le biais d’une lettre ouverte.

« Il faut que les compagnies d’assurance arrêtent d’augmenter les prix », écrit monsieur Labbé, qui est président et chef de la direction de GPL Assurance/Gallagher Québec, un des principaux courtiers en assurance pour entreprises qui emploie 125 personnes.

« On vit une crise mondiale qui ne ressemble en rien à ce que j’ai connu. Donnez un break à vos clients jusqu’à la fin de l’année. N’augmentez personne, sauf exception », ajoute-t-il.

Le courtier dit voir encore en ce moment des hausses annuelles moyennes de 10 à 20% en assurance auto et de 10 à 15% du côté de l’assurance habitation.

Monsieur Labbé cumule près de 40 ans d’expérience dans ce domaine et, contrairement à d’autres cabinets de courtage qui appartiennent en tout ou en partie aux assureurs, GPL est indépendant, soutient-il. C’est pourquoi il dit se sentir à l’aise de dénoncer la réponse frileuse des assureurs à la crise.

Certains assureurs proposent des solutions à leurs clients éprouvés, mais c’est du  cas par cas. On offre par exemple de réduire l’étendue de la couverture d’assurance pour faire de ce fait baisser la facture. 

« C’est comme si un restaurateur vous faisait une faveur en ne vous réclamant pas la soupe que vous n’avez ni commandée ni mangée », proteste  Louis-Thomas Labbé.

Du côté du Bureau d’assurance du Canada (BAC), on dit que les assureurs ont entrepris ces 15 derniers mois un processus de rééquilibrage de leurs primes. Ceci après six années de sous-tarification ayant érodé la rentabilité de l’industrie.


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« Le but des hausses actuelles est d’assurer de collecter assez de revenus pour payer les réclamations des 12 prochains mois. Tout coûte plus cher », a déclaré à Pierre Babinsky, directeur des communications et des affaires publiques du BAC, à la La Presse.

Ce à quoi monsieur Labbé rétorque que les assureurs ont déjà commencé à corriger le tir l’année passée, avec une première phase d’augmentation des primes.

Il rappelle que l’assurance est un bien essentiel. 

« Tout le monde fait des efforts face à la crise : les gouvernements, Hydro-Québec, la Caisse de dépôt, même les banques qui accordent des reports de remboursement d’hypothèque », souligne-t-il. 

Mentionnons que le Mouvement Desjardins a annoncé jeudi la réduction du taux des cartes de crédit pour une certaine frange de sa clientèle. La CIBC, la Banque Royale et la Banque Nationale ont suivi le lendemain.

La Presse a tenté de communiquer avec Promutuel, qui a refusé de répondre à ses questions et avec Desjardins Assurances générales, qui n’a jamais effectué de retour d’appel, contrairement à sa promesse.

Martin Boyer, professeur à HEC Montréal et spécialiste des assurances, pense pour sa part  c’est une erreur de comparer les banques et les assureurs. 

« Les banques se financent en partie à la Banque du Canada. Les fonds leur coûtent pas mal moins cher depuis la baisse des taux directeurs. Ce n’est pas le cas des assureurs », souligne-t-il.

Il reconnaît toutefois que les assureurs s’offriraient un beau coup de publicité en annonçant un gel temporaire des primes. Par contre, d’après lui, les assurés n’y gagneraient que des miettes.

« Le coût d’une prime mensuelle d’assurance auto, ce n’est rien comparativement à un paiement d’hypothèque. »

Source: La Presse